• EXTRAITS ET NOUVELLES

    Au sujet de :

    L’envers du monde

    Conte de Nicolaï Drassof, aux éditions ELENYA

     

    Dans mon armoire sont pas mal de textes en attente d’édition.

    Il était écrit que L’ « envers du monde » en sortirait avant les autres. Ce texte que j’avais d’abord intitulé : « l’an 526 du Renouveau » avait trouvé deux éditeurs, alors que mes autres ouvrages étaient snobés !

    Est-ce un signe ?

    Il est vrai que cette histoire me tient profondément à cœur .

     — Il y a la Cité des Dômes, capitale d’un pays semblable au nôtre mais où règne depuis 526 ans l’Ere du Renouveau.

    On n’ose y évoquer ce qu’on nomme : Les temps barbares !

     — Il y la communication du « Grand Conteur »( dont je me considère comme le traducteur), sur la découverte archéologique sensationnelle qui est faite du Document de Kader et Rebecca » l’équivalent pour nous des Livres de nos origines : Coran, Thora , Bible et autres Vedas, en plus contemporain.

     — Il y a l’histoire de Kader et Rébecca (Pire que Capulet et Montaigut, ces prénoms !) dans leur banlieue si pourrie qu'à force de sécréter le mal et le désespoir, elle en a accumulé dans un recoin secret et redouté de quoi créer un passage ( trou noir) vers un autre monde, plein d'enseignements.

     — Il y a les épreuves initiatiques, les réponses communiquées d'une manière originale, inattendue, esthétique et artistique à ce couple maintenant uni par les Êtres de Lumière .

     — Il y a ces Êtres de Lumière eux-mêmes.

    Sont-ce nos sur-moi ? La partie positive de nous-mêmes ?

    Je crois fermement que ces parties de nous-mêmes faites de sentiments positifs existent, prêts à l'usage. Il faut et il suffit que nous soyons demandeurs. Par besoin personnel, par altruisme, pour le bien des autres qui fabriquera aussi le nôtre.

    On peut rêver que nous laissions enfin derrière nous la lise noire et désespérée à laquelle Kader et Rebecca ont été arrachés.

     On peut rêver d'une transformation, non de la société, ce n'est pas en notre pouvoir, mais de chaque être qui la compose.

    Je commence par moi. Est-ce que tu me suivras, amie lectrice, ami lecteur  ?

  • Lignes enchevêtrées (naissance d’une chanson)

    Un pari pour ce texte : employer le mot ligne dans un maximum d’acceptions

     Une fille, grande et jeune, à la ligne parfaite, munie d'un léger bagage, prend ce matin la ligne 2 du RER. Elle est à l'heure au rendez-vous.

    La gitane lit dans les lignes de la main de la fille grande et jeune. Elle lui prédit un voyage. La fille sourit avec une ligne d'ironie, ne dit rien, paie et s'en va.

    Sur un banc aux curieuses lignes courbes, la fille grande et jeune rédige quelques lignes sur un papier rose tiré de son sac. Un papier dont les lignes grises sont déjà garnies d'une petite écriture sèche à l'encre bleue.

    Elle tire à la ligne souvent . Un poème ? Un message poétique bien dans la ligne de l'homme de sa vie, rêveur et généreux. Utopiste aussi. Il suit la ligne du parti récemment adoptée, mais il est dans la ligne de mire du nouveau dirigeant.

    Pendant le discours de l'orateur imbu de son talent, l'utopiste rêveur lit.

    Il déchiffre un papier rose aux lignes courtes à l'encre bleue. Un sourire naît a la ligne de commissure de ses lèvres. Il sort de sa serviette un papier blanc rayé de nombreuses lignes parallèles : des portées sur lesquelles il aligne clés et notes, silences et soupirs.

    Il ajoute sous les lignes musicales les vers du poème de la fille grande et jeune.

    L'orateur vociférant ne hurle que des idées de luttes, de jalousie, de violence et de trahisons. Sous ses yeux ébahis, l'utopiste rêveur se lève, souriant, lui adresse   un adieu enfantin en agitant doucement la main et sort.

    La fille grande et jeune attend l'utopiste rêveur le long du quai, côté grandes lignes. Voici qu'ils partent tous deux vers la ligne d'horizon fuyante.

    Le rythme du train donne le tempo à la chanson qu'ils ont aux lèvres. Ils suivent tous deux du regard les lignes enchevêtrées du chemin de fer, faisant confiance aux aiguillages pour leur destination.

    Ils s'en vont vers la vie!

    Point à la ligne .

     


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  • Au sujet de :

    L’envers du monde

    Conte par Nicolaï Drassof, aux éditions ELENYA

     

    Dans mon armoire sont pas mal de textes en attente d’édition.

    Il était écrit que L’ « envers du monde » en sortirait avant les autres. Ce texte que j’avais d’abord intitulé : « l’an 526 du Renouveau » avait trouvé deux éditeurs, alors que mes autres ouvrages étaient snobés !

    Est-ce un signe ?

    Il est vrai que cette histoire me tient profondément à cœur .

     — Il y a la Cité des Dômes, capitale d’un pays semblable au nôtre mais où règne depuis 526 ans l’Ere du Renouveau.

    On n’ose y évoquer ce qu’on nomme : Les temps barbares !

     — Il y la communication du « Grand Conteur »( dont je me considère comme le traducteur), sur la découverte archéologique sensationnelle qui est faite du Document de Kader et Rebecca » l’équivalent pour nous des Livres de nos origines : Coran, Thora , Bible et autres Vedas, en plus contemporain.

     — Il y a l’histoire de Kader et Rébecca (Pire que Capulet et Montaigut, ces prénoms !) dans leur banlieue si pourrie qu'à force de sécréter le mal et le désespoir, elle en a accumulé dans un recoin secret et redouté de quoi créer un passage ( trou noir) vers un autre monde, plein d'enseignements.

     — Il y a les épreuves initiatiques, les réponses communiquées d'une manière originale, inattendue, esthétique et artistique à ce couple maintenant uni par les Êtres de Lumière .

     — Il y a ces Êtres de Lumière eux-mêmes.

    Sont-ce nos sur-moi ? La partie positive de nous-mêmes ?

    Je crois fermement que ces parties de nous-mêmes faites de sentiments positifs existent, prêts à l'usage. Il faut et il suffit que nous soyons demandeurs. Par besoin personnel, par altruisme, pour le bien des autres qui fabriquera aussi le nôtre.

    On peut rêver que nous laissions enfin derrière nous la lise noire et désespérée à laquelle Kader et Rebecca ont été arrachés.

     On peut rêver d'une transformation, non de la société, ce n'est pas en notre pouvoir, mais de chaque être qui la compose.

    Je commence par moi. Est-ce que tu me suivras, amie lectrice, ami lecteur  ?


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    Les 3 sources du roman "l'île de Zoé Crue Robinson

    Mon esprit est un lieu de rencontres, d’amitiés lentes entre toutes les infos que je l’oblige à avaler. Pour éviter la nausée et la crise de foie(ou de foi), il sélectionne et range sur des étagères virtuelles selon un ordre dont je ne saisis pas tout de suite la raison d’être, des lectures marquantes.

    Ensemble, il a classé :

    — Le récit bouleversant de Patrick Declerck, paru en 2001 chez PLON (coll Terre humaine) LES NAUFRAGES, sous-titré « Avec les clochards de Paris »

    — le roman profond et dérangeant de Michel Tournier « VENDREDI ou LES LIMBES DU PACIFIQUE »

    — Pêle-mêle avec toutes les robinsonnades que j’adorais lire et relire dans ma jeunesse, dont le mythique ROBINSON CRUSOE de Daniel de Foë.

    Cette proximité a fini par porter son fruit, et c’est

    L’ÎLE DE ZOE CRUE ROBINSON

     Ce nom a tout du jeu de mots et garde son mystère presque jusqu’à la fin, mais c’est bien une vie de SDF que celle de Zoé après son naufrage « social ». C’est si facile de glisser de la normalité à la marge, surtout si au départ on est en manque d’identité.

    C’est à cette dure école que Zoé apprend à se connaître.

    Elle n’est pas seule pour affronter ce nouveau monde. Tous les Robinsons passés présents et à venir sont aidés par des découvertes, des outils, des matériaux, des épaves. Zoé aussi, mais c’est un jeune SDF puant et taciturne qui lui est dévolu. Très intermittent, il joue son rôle d’aide à l’installation, puis s’éclipse (pour mieux resurgir).

    L’île a une importance considérable. Celle-ci est urbaine, brièvement grouillante de vies puis devient aussi déserte qu’au milieu de l’océan. Solitaire, Zoé parlera à Zéphyr, poisson rouge, comme Robinson tentait d’éduquer un perroquet. Zéphyr assume un rôle de confident, voire de Psy. Il écoute (?) et ne parle pas.

    On peut être très seul au milieu de la ville. Mais pas à l’abri des affreux cannibales. En l’occurrence, une bande de zonards abordent ce lieu où ils se croient seuls pour assouvir leur violence et leur lubricité sur une victime dont le traumatisme handicapant en fait un être aussi assujetti à Zoé que Vendredi l’était à Robinson.

    A partir de ce moment s’effectue le travail de l’isolement, de l’île assimilée a un athanor, four d’alchimiste où ces trois êtres (Zoé, Steph l'épave et Winnie/Vendredi) déstructurés par la vie vont subir les étapes de la production d’une pierre philosophale, capable de transmutation.

    L’influence des « Naufragés », le livre de Patrick Declerck :  sans pathos ni apitoiement apparent il nous fait pénétrer au coeur des misères incongrues que sa vie de psychanalyste et d’ethnologue découvre au fil du temps que son dévouement leur accorde. Ces récits  m’ont aidé à comprendre, et à esquisser un embryon de solution pour les aider selon leur monde et non selon le nôtre.

    (La longue période d’incubation de ce roman est la cause de l’absence des misères étrangères actuelles qui sont venues se greffer sur ce problème déjà touffu ).

    L’apport du livre de Michel Tournier est aussi important mais plus diffus. Ce sont des portes , ouvertes par sa réflexion, par lesquelles a pu se faufiler l’évidence de la transmutation alchimique réalisée par l’isolement, subi mais aimé pour son apport imprévu. Il y a l’oeuvre au noir, au blanc, au rouge et l’inespérée re-naissance, dont pourront bénéficier d’autres naufragés de tous bords.

     


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  • Pipiol, petit bonhomme haut comme trois pommes, sans corps et sans visage, s’avance, faraud d’être promu enquêteur, vers un groupe hétéroclite d’ados et d’enfants qui se tiennent résolument par la main, sans toutefois avoir fermé la ronde.
    — Bonjour. On m’a nommé Pipiol. Je suis envoyé par notre auteur pour réaliser des interviews.
    — Mais il connaît tout de nous !
    — C’est vrai. Ce n’est pas à son usage, mais à celui de qui souhaite lire vos histoires, ou en parler.
    — Hello camarade ! Nous nous connaissons, je crois. Nous sommes du même pays ?
    — Je suis aussi virtuel que vous autres, mais je n’ai pas d’histoire, et je n’ai pas eu d’enfance. Pipiol affectait un petit air plaintif. Il continua : j’ai été créé pour dialoguer avec notre auteur, et seulement pour ça. Mais je suis tombé dans l’ordi, et je me suis retrouvé tout seul.
    Pipiol baissa un regard humide.
    — Mais moi j’ai lu dans CONTES POUR TOI que tu avais réussi à te faire retrouver, et que depuis...
    — Oh oui ! Pipiol releva un visage triomphant. Je lui sers à nouveau, il m’aime et je l’aime ! Il esquissa une petite gambade de joie, puis reprit son sérieux.
    — Bon. Au travail. Qui commence ?
    — Dans l’ordre du bouquin, c’est Mehdi, mais il n’est pas là.
    — C’est vrai, je sais. Pauvre Mehdi ! Vous répondez tous ensemble pour lui ?
    — Dans sa mémoire, il ne connaissait rien d’autre que sa petite vie solitaire. Il n’y avait jamais pensé, et croyait que tout le monde vivait aussi mal que lui : de l’école maternelle au palier du 6ème, du palier à l’école, avec des mercredis et dimanches chez une vieille couturière taciturne. Et puis Aurélie, soudain, a illuminé sa vie. Il a oublié tout le reste dans ce changement fulgurant Son bonheur fut excessif, trop brusque, trop fort. Quand ce bonheur s’est éteint avec Aurélie, il n’a pas pu reprendre le chemin de son ancienne routine lugubre. Il est aux Chardonnerets, avec d’autres enfants fermés à tout. Il ne guérira probablement pas.
    — Donc, il n’est pas dans la Ribambelle ? déduisit Pipiol, très professionnel.
    — Bien sûr que si. Il est avec nous. La Ribambelle, c’est une force que nous avons créée, qui nous permet de traverser les frontières entre les mondes.. Il a besoin de nous, nous avons besoin de lui, et les enfants réels qui vivent le même enfer ont besoin de notre force à travers lui.
    — Inouï... murmura Pipiol, comme pour lui seul.
    — C’est à moi ! s’imposa une grande fillette en rouge.
    Comment t’appelles-tu ? demanda Pipiol un peu surpris
    Pétunia. Mais personne ne connaît mon prénom. D’autres croient que je suis le petit chaperon rouge. Non. Je suis une ado que sa mère envoie dans des endroits incertains faire des visites ou des courses. Elle fait mine d’ignorer les dangers des forêts urbaines ou pas, des loups libidineux ou gourmands, ou des marais chuchotants. Mais je me débrouille. Heureusement car il me faut affronter des environnements un peu "spéciaux »Ils sont nombreux les enfants, les ados réels à affronter les mêmes que moi, aussi étranges et dérangeants. Attirants parfois. Les mères inconscientes continuent à faire de la pâtisserie.
    Ah ?!  émit Pipiol, déboussolé devant la Ribambelle au complet hochant la tête pour approuver.
    — Ce n’est rien, Pipiol. Remets-toi. Une voix à l’accent slave fit retourner le pseudo journaliste
    Je suis Piotr. Né en Russie, j’ai grandi solitaire avec Babou dans la région des lacs, tout au nord de la Finlande. Je n’ai appris que nous n’étions pas les seuls êtres humains que vers dix ans . Je ne savais pas alors ce que c’est qu’une mère, hormis chez les animaux. Alors, un père ! Et tout à coup le monde s’est agrandi, peuplé de toutes sortes de choses et de gens. Je ne les voyais pas, mais ils existaient. Il a fallu que je discipline toutes ces notions fantastiques... C’était terrifiant et splendide en même temps.
    — Comment as-tu fait, alors ? articula Pipiol d’une voix émue.
    — J’ai personnifié, créé ce que je n’avais jamais vu, j’ai réinventé le monde qui m’était caché au moyen de pauvres dessins et des créatures que j’avais sous la main. Moi qui ne connaissais ni papier, ni crayon ni peinture, j’ai réinventé toutes ces expressions de mon âme à présent trop pleine en trouvant le moyen d’y exprimer aussi mes émotions et mes sentiments. Parce que j’avais aussi compris la raison pour laquelle Babou m’avait ainsi dissimulé : Mon... l’homme qui m’a engendré... était un ogre, bien campé dans la réalité de son époque. Très puissant il semait la peur et l’horreur. Il me fallait porter aussi cette charge-là.
    Mon cas est extrême, mais derrière moi se range une grande quantité d’enfants réels ayant une famille innommable qu’il est nécessaire de fuir. Certains, comme moi, découvrent l’art, la poésie, l’écriture ou le théâtre pour les secourir, d’autres ont de bonnes fées, des Babou courageuses et fines. Ils ne se remettent jamais tout à fait, mais réussissent souvent une apparente insertion, arrivent à pousser aussi droit que les autres plantes. Mi homéostasie/mi résilience.
    Pipiol, ému de cette longue vie pleine de solitude qui lui rappelait son purgatoire, tourna son regard humide vers un enfant étrange, près de lui.
    — Tu es Momo, c’est ça ?
    Oui. Là, je t’apparais enfant. Tu vois le handicap ?
    Pipiol qui ne possédait même pas une idée de corps, n’était pas épaté. Il avait devant lui un petit pantin de bois, bien taillé, poncé et poli avec amour par son papa, Gep, un homme formidable et moyen. Une vague idée flottait dans son souvenir : Voyons, dit-il en se grattant le crâne : Pinocchio ?
    — Je ne suis pas plus Pinocchio que Pétunia n’est le petit chaperon rouge . Je suis Momo, et j’ai eu honte toute mon enfance de la matière dont je suis fait, de mon nom, et même de mon papa, quand j’ai grandi. Il a fallu une fée pour me sauver. En fait de féerie, elle n’a fait que décider mon papa comme moi à cesser d’avoir peur et à me lâcher dans le vaste monde. Une bonne vieille voisine persuasive aurait suffi. A l’école de la vie et en cessant de ne penser qu’à moi, je suis devenu ce que je suis . J’ai réussi et je démontre à tous les enfants réels qui souffrent de leur différence physique que c’est possible et qu’ils réussiront à leur tour.
    Pipiol se retourna vers le petit pantin, dont la voix lui semblait plus grave. Il se trouva face à un jeune homme sympathique, de chair et de sang, avec juste une petite moustache.
    Plus de pantin de bois. Si ce n’est pas une démonstration, ça ? Dans la réalité, ils sont des foules à désirer une telle réussite. Je suis Momo, de la ribambelle, leur porte-parole en homéostasie !

    A suivre

    Suite et fin

    Pendant ce temps, une toute petite fille essayait d’attirer l’attention de Pipiol
    — Voyons, petite, que veux-tu ? Laisses-nous parler.
    — C’est à cause de la guerre. J’ai perdu mon fils à cause des bombardements.
    Pipiol ne la croyait pas, mais la Ribambelle, unanime, confirma.
    — Il était beau, tout noir, en porcelaine. Je l’aimais, et je découvrais, avec admiration, les couleurs des gens et des baigneurs. Le noir, c’est riche, et chic.
    — Toi aussi, Zac, tu as connu la guerre ?
    — Oui, et je n’ai rien compris. J’étais avec d’autres et nous avions faim. On avait changé nos prénoms et on nous méprisait. Un homme nous a sauvés, et normalement, c’était un redoutable ennemi. C’est une histoire à n’y rien comprendre. Depuis, je me méfie des nationalismes. Des enfants réels, à l’époque présente sont aussi victimes que nous l’avons été. Il faut les comprendre et les aider. Eux, comme nous, poursuivent leur rêve.
    — Moi, c’est tout simple affirma une fillette rousse. Je me laissais mourir, et tout d’un coup, j’ai compris que l’on m’offrait une occasion de changer tout ce qui était mal parti. Avec des mensonges, peut-être, mais si tentants... Alors, j’ai pris les choses en main, et, foi de Totoche quand je m’y mets, ça déménage ! Maintenant, tout va bien. Je me suis fabriqué une famille top, avec même une petite soeur que je protègerai. J’ai dix ans, mais je connais la vie : la mienne, c’est moi qui l’ai refaite !
    Nul besoin d’interviewer pour cette petite rousse rieuse et culottée. Pipiol était bluffé.
    En revanche, comment poser des questions à ce bébé vêtu de lainage rose, son nounours serré contre lui ?
    Wallace lui murmura :
    — Difficile, énigmatique, l’histoire de Bébé. Il subit la névrose de sa mère et en prend sa part. Pour lui, il reste du chemin pour pousser aussi droit que les autres. Il montre les racines, les commencements. Il ne défend personne, il explique comment nos aventures débutent. Les parents, pour certains, sont nocifs.
    Totoche, Zeph et Piotr approuvèrent vivement.
    — Et toi, Wallace ? Ton histoire ?
    — C’est encore la différence, mentale, cette fois. Je suis devenu un chercheur scientifique reconnu.
    Pipiol avait déjà entendu parler de surdoués Il se fit grave et respectueux :
    — Professeur, comment s’est passé votre enfance ?
    — Dans le comique et la loufoquerie ! Pipiol !
    Un drôle de petit bonhomme habitait mon encéphale, m’empêchant de sombrer dans l’anomalie et le désespoir Il chantait une comptine, me faisait rêver de fées, boostait mes lamentables qualités physiques et me gardait de la poésie quand il le fallait. Si bien que j’ai poussé presque comme les autres. Merci, précieux Grelot !
    Pipiol aurait bien voulu apprendre la comptine, connaître la poésie dont il fallait se méfier, mais déjà Wallace était parti rejoindre les galaxies et le grand accélérateur de particules. Normal, oui, mais tout de même distrait .
    Wallace voulait mettre en garde les hypertrophiés cérébraux de ce côté-ci du réel contre l’ennui , l’isolement, une sorte de mépris rageur envers les autres, et l’immense désespoir de se sentir seul parmi des multitudes.
    Pipiol, toujours appliqué à faire l’enquêteur, se tourna vers de nouveaux arrivants : L’une, une enfant paraissait appartenir au monde des créations littéraires, comme tous ceux de la ribambelle, les deux autres, un couple adulte semblaient plus flous à Pipiol : à mi-chemin entre la vitalité des autres enfants et le nébuleux rayonnant qu’il voyait à son auteur chéri.
    — Je suis Irvine, enchantée de vous rencontrer, charmant petit Pipiol. J’ai lu vos aventures. Pipiol devint écarlate. Je vous présente Mélaine. Grâce à Mélaine, j’ai découvert que je suis comme ceux de la Ribambelle, une enfant mal plantée qui est parvenue à rectifier son destin . C’est grâce à Bruno que j’ai réussi ce tour de force, à sa normalité d’enfant inséré au bon endroit, dans le milieu qui lui convient, à ses parents aimants sages et justes.
    Mais à toi, Mélaine, raconte pour nous deux.
    Mélaine avança timidement.
    — Oh ! Presque rien. J’ai été désirée, aimée et soignée quand j’étais toute petite mais je n’entrais pas vraiment dans la vie de mes parents. Je gênais. On m’a mise de côté, sans m’abandonner, non. Mais, mon dieu, que j’étais seule ! Sans amour et sans racines, ballottée de tous côtés sans qu’il existât un autre projet pour ma vie que de m’écarter. Il faut faire reconnaître ce semi-abandon dont sont victimes tant d’enfants dits normaux et qu’on croit bien protégés. C’est un leurre et ils sont si seuls !
    Zeph, en arrière du groupe, vautré par terre, des fétus de paille dans ses cheveux emmêlés, lisait. Mais Pipiol, pénétré de son devoir d’enquêteur ne l’oublia pas. Il s’avançait, main tendue : Zéphyrin Vautier, je suppose ?, et tout le monde se mit à rire. Voilà que Pipiol jouait au grand explorateur ! Non. Pipiol ne jouait pas. Il vivait son rôle avec ardeur. Zéphyrin s’était levé après avoir soigneusement inséré une tige sèche pour marquer sa page.
    — Tu peux m’appeler Zeph, tu sais.
    — Eh bien Zeph, qui défends-tu ? Quelle est ton histoire ?
    — Celle d’un vaurien, et je le revendique. Ils me faisaient tous ch... Oh ! Pardon ! Mais quand j’y repense ! Et puis on m’a embarqué en train, en car, et je suis arrivé dans la lumière, avec les montagnes, et ça sentait autre chose. Je me suis réveillé d’un oeil, y avait du changement. Et puis on m’a mené aux chèvres ! Incroyable ! J’arrivais plus à faire la moindre conn...bêtise. Il y a eu la bibliothèque, les livres. J’avais bien dans l’idée d’y f... mettre le feu un jour. Pas pu. C’est formidable, les bouquins, ça ouvre des mondes et des mondes ! Mais un jour, y en a eu un pas comme les autres, un qui était content qu’on le lise. Il riait, faisait des clins d’oeil... Forcément qu’il était content d’être lu : il était pas sorti de son rayon depuis cinq ans !
    Alors on a cherché, on a trouvé l’auteur. Un comme moi, qu’avait pas de chance. J’ai eu un ami. Puis plusieurs, car j’ai eu besoin qu’on m’aide pour comprendre. J’ai eu besoin des autres.
    Alors, je me suis mis à exister et mon destin a basculé. Ce n’était pourtant pas gagné ! A part le livre/miracle, il y a eu pas mal de fées déguisées en vieux maire bougon, ou en acariâtre bibliothécaire, ou en éditeur rusé pour m’aider. Tu vois, Pipiol, je comprends ta solitude de personnage sans histoire, mais tu as un auteur, que tu aimes, c’est important .
    Nous autres de la Ribambelle, quand on a cherché à faire connaître nos histoires, on a cherché un auteur réceptif à nos chuchotements. Et c’est Nicolaï qui a reçu et transcrit nos récits, sans rien comprendre et à son corps défendant, tout d’abord. Concentré sur autre chose, il n’a remarqué qu’après le fil rouge qui courait de l’un à l’autre de ces contes si divers : des enfants en lutte pour accéder à la normalité dont ils sont privés au départ. Demande, Pipol, à ton auteur, s’il comprend tout de suite tout ce qui sort de sa plume, et s’il en décèle la source.
    Pipiol était très attentif, il notait, mais il sursauta
    — Bonjour Bruno ! s’écriait en chœur la Ribambelle.
    Bruno, le héros de ce roman ; lui qui n’a rien à voir avec les mauvais départs des enfants concernés ; heureux dans ses marques paysannes qu’il a quittées, pourtant ; Bruno, l’heureux mari amoureux d’Irvine, qui ne se pardonnera pas d’avoir ignoré son histoire, alors qu’ils ont fini de grandir ensemble. Bruno, qui s’est fait manipuler par la Ribambelle, avec l’aide d’Irvine.
    Pipiol s’apprête, crayon en main, mais ne peut pas interroger Bruno. Il est réel, lui. Il n’est pas un personnage de fiction. Alors, notre Pipiol s’angoisse. Il devait aussi interroger Nicolaï, l’auteur. Lui aussi, fait partie de la réalité...
    Le voici, justement.
    Pipiol le regarde avec amour.
    — Ne te chagrine pas, Pipiol, tu as très bien travaillé. Ravi de t‘avoir récupéré d’entre les octets. Ce que j’ai à ajouter : rien sinon ce que j’ai mis longtemps à comprendre. J’ai reçu vos histoires une à une, les enfants, alors que j’étais concentré sur toute autre chose. Vous m‘embêtiez jusqu’à ce que je les transcrive, et parfois, elles étaient insolites. Piotr, par exemple, me racontait la Finlande, le grand Nord... Je ne connais pas ce pays, moi ! J’ai dû vérifier, le climat, les nuits d’hiver, la faune, la flore, les bûcherons... Tout était vrai, tout ça était comme je le sentais venir sous ma plume. Je me suis senti le jouet de forces inconnues. Quand Zeph a raconté son aventure, j’ai mieux compris, mais il m’a fallu du temps pour trouver une raison d’être à ces histoires disparates : vos enfances mal parties à tous, et l’entêtement que vous avez mis à me les faire connaître. Vous vous êtes servis de moi, puis d’Irvine, pour parvenir à Bruno et au grand jour.
    Vous êtes forts. Comment faites-vous ?
    —Nous nous tenons par la main, un enfant en entraîne un autre, c’est la Ribambelle, chaîne ouverte de la farandole ou fermée de la ronde, ce sont des symboles. Les mythes et les symboles, dans tous les univers, imaginaires ou non, voilà l

    Fin

     

     


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  • L’inconnue

    Elle était assise à mon bureau, appliquée à taper sur mon ordinateur..
    J’étais pourtant entrée bruyamment dans l’appartement réputé vide, jetant mes clés sur la table, expédiant mes chaussures et mon sac dans le couloir, au plus près de la porte de ma chambre, pressée de noter l’idée qui m’avait squatté l’esprit tout l’après midi. C’était une sorte de poème, qui chantait bien et m’obsédait pour le moment. Je me savais capable de l’oublier, demain.
    Malgré tout ce remue-ménage, l’inconnue continuait à taper tranquillement. Elle n’avait pas même tourné la tête à mon entrée tonitruante.
    Malgré l’obstacle des longs voiles soyeux et noirs dont elle semblait enveloppée, je n’avais pas douté un instant qu’elle fut femme. Un je-ne-sais-quoi dans l’épaule, quelque chose dans la position de la jambe sur laquelle reposait la soierie, le port général du buste...
    Mais que faisait cette inconnue chez moi ? J’aurais dû être affolée. Pourquoi gardai-je ce calme, cette empathie ?
    Elle portait une espèce de capuchon sur sa tête penchée, dont les bords n’étaient pas attachés. Il ne paraissait pas que son costume ait quelque chose à voir avec les housses dont se revêtent à notre époque, certaines femmes musulmanes. Pourtant, les mains de l’inconnue, qui couraient toujours sur les touches du clavier, restaient invisibles, masquées par de longues et larges manches. Portait-elle des gants ? J’étais fascinée par le tombé extraordinaire de l’étoffe dont elle était enveloppée. Ces manches, en particulier, auraient dû la gêner. Elles suivaient gracieusement son toucher rapide.
    Immobile et sans réaction, j’enregistrai ces observations, évidentes et pourtant dépourvues de sens. Ma tête s’était vidée de toute pensée. Je ne réagis pas plus quand la femme se leva, me montrant toujours son dos. Elle était d’une stature au-dessus de la moyenne et d’un port élancé, la grâce de ses gestes et de son maintien semblaient innés. Je ne sais comment elle réussit à passer devant moi sans que je visse ses mains, ses jambes, ses pieds. Elle semblait glisser au-dessus du sol malgré tapis et plancher glissant et gardait sa tête baissée. Je ne pus voir son visage quand elle passa si près de moi, laissant un sillage au parfum d’humus.
    Elle gagna la porte et je commençais à recouvrer mes sens engourdis jusque là.
    Alors elle se retourna et rejeta sa capuche. Seulement là, mon sang glacé la reconnut : rien qu’un squelette. La Mort, la Mort est venue chez moi et m’a frôlée !
    Elle murmura d’une voix rauque : Je reviendrai.
    La porte se referma très doucement, sans déranger la profonde stupéfaction où cet épisode m’avait plongée.
    Ce n’est qu’un moment après que, vivante à nouveau, je me précipitai sur mon ordinateur. Il était éteint, comme je l’avais laissé en partant travailler. Désemparée de ne plus trouver trace de ce qui, pourtant, était arrivé, le jetai un regard affolé autour de moi.
    Une feuille dépassait du berceau de l’imprimante. Je l’empoignais et lus quelques mots du texte imprimé. Je dus m’asseoir pour continuer de lire :
    « Elle était assise à mon bureau, appliquée à taper sur mon ordinateur...
    J’étais pourtant rentrée bruyamment dans l’appartement réputé vide, jetant mes clés sur la table, expédiant mes chaussures et mon sac dans le couloir, au plus près de la porte de ma chambre, pressée de noter l’idée qui m’avait squatté l’esprit tout l’après midi. C’était une sorte de poème, qui chantait bien et m’obsédait pour le moment. Je me savais capable de l’oublier, demain.
    Malgré tout ce remue-ménage, l’inconnue continuait à taper tranquillement. Elle
    n’avait même pas ... »
    Tout était là et le texte se terminait par :
    « Je reviendrai... »

     


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  • Les Châteaux de sable

    Les châteaux de sable

    Il y en a de géants, ambitieux, compliqués. Il y en a de modestes, tout simples, on dirait peu coûteux, si ça avait quelque chose à voir. Certains ont des douves moyenâgeuses, d’autres représentent tout autre chose que des fortifications ou des habitations. Une sirène, une tour, une auto, avec, incluse, une petite glace pour figurer le rétroviseur. C’est un concours de châteaux de sable. Le jury est passé. Actuellement, on doit distribuer les prix.
    La marée monte.
    Tous ces individus, ces entités , ces créations qui sont des créatures, à qui les artistes ont donné l’âme en même temps que forme et matière, brillent une dernière fois sous une jeune lune survenue avec le soir. C’est que le sable sent venir la mer. Elle n’est pas encore là, elle est lointaine, rassurante avec son petit mouvement cadencé devenu peu à peu plus nerveux. Mais elle diffuse son avant garde. Elle s’insinue, et le sable est partout complice
    Car le sable sait. Il se gorge à l’avance. Il est comme le gourmet, l’amante, anticipant le plaisir.
    De la plus modeste des oeuvres à la plus grandiloquente, toutes prennent un éclat, une opulence. Elles se gonflent de leur importance, Tandis qu’au loin, de son lent va et vient ourlé d’écume, s’approche la danse de mort de la mer inlassable. Et la sournoise, l’insidieuse correspondance souterraine unit déjà les créatures périssables à leur vainqueur. Déjà de petits effondrements, de minuscules coulées effacent des détails. Des ornements de varechs ou de coquillages tombent, des trous ou des douves se remplissent, où se reflète la lune plus affirmée, curieuse. Puis des pans s’écroulent sous d’invisibles coups de boutoir.
    Elles ont encore de la prestance, ces constructions . Inchangées sous un regard distrait. seule l’attention de leurs proches, de ceux qui les ont vu naître, trouverait la différence, identifierait les manques et les dégradations.
    Les plus riches partent en premier. Les plus remarquées par leur extravagance, leur étendue, la richesse de leur ornementation, laissent à l’ennemi cauteleux ce qui les rendaient mémorables. Leurs angles s’arrondissent, les arêtes autrefois redoutables s’estompent et ne rendent plus les coups.
    Et toujours approche la limite fluctuante des eaux. Le reste de la plage, gorgé d’eau à présent brille aussi, sous la lune comme un fanal. Les coups de sape ne sont pas encore là, arrivent et surprennent. Ça et là, de grands morceaux s’écroulent sans fracas et fondent sur place, rejoignant, immobiles, le niveau initial de la plage. Diminués, amputés, adoucis, les fiers ouvrages gardent le reflet de leur grande allure, comme des ruines grecques, pathétiques.
    Puis c’est l’assaut. Des vaguelettes longues, sans force viennent caresser leurs proies, évaluer le degré de leur résistance résiduelle. Aussitôt suivies d’efficaces coups de bélier donnés par trois ou quatre fin de déferlantes écumeuses.
    La mousse de dissipe emportée par de douces vaguelettes prémices à d’autres assauts plus significatifs.
    Les ruines, hautaines, dédaigneuses, ne se défendent pas, mais de grands pans résistent, dressent encore les restes de leur gloire, orgueilleux mais vaincus l’instant d’après.
    La puissance de la mer contre des châteaux en Espagne... La puissance de la mort contre des édifices dressés, fragiles, d’avance vaincus.
    Sous la lune pleine et brillante, c’est l’étale .L’eau recouvre tout... les rêves de puissance ou de beauté sont nivelés, pas un poisson ne soupçonne qu’ils ont existé.
    La marée va redescendre, dégager à nouveau la longue plage de sable fin, pas à pas et les vagues vont damer le sol, le durcir, le rendre invincible.
    Dès l’aurore, les chevaux vont marteler cette matière résistante, idéale pour construire, créer, donner formes, apparence, résistance, beauté, tandis que des bâtisseurs de tous âges et de toutes ambitions vont encore de mesurer au temps que durent toutes choses, toutes vies.

     


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  • JOKO

    ou ma dernière chevauchée

     le 29 11 13

     

    Au mur, inattendue dans son cadre désuet, est la photographie de la maison,par un matin d’automne ; avec sa jonchée de feuilles mortes, ses platanes élevés dissimulant le visage assombri de la bâtisse esseulée, ne laissant apparaître que son sourire épuisé... Et des brumes, des  vapeurs s’élevant du chemin ; ce blanc chemin qui, disait-on, ne mène nulle part.

    Mon regard erre sur la photo jaunie, comme si elle ne m’était pas si familière... Il y a beau temps que je ne la distinguais plus du papier peint défraîchi dont la décrépitude ne m’interpelle plus.

    Aujourd’hui, l’ensemble me saute aux yeux... Pourquoi donc ?

    Je suis bien : ma vieille carcasse me laisse en paix. Mon esprit, larguant les amarres, décolle doucement.

    Un déclic :

    ...Je suis bien : une buée odorante et chaude monte du pelage humide de mon pauvre vieux Joko qui ne sait plus courir mais fait de son mieux. ...

    ...Je suis bien : je laisse les rênes lâches à ma monture comme à ma nostalgie. Et voilà que les pieds fins de mon alezan foulent sans bruit le sable souple du sentier. Les feuilles mortes craquent à peine sous ses sabots exigus, les platanes majestueux forment une voûte au-dessus de nous, et la maison abandonnée est aimable, pas loin. Les blanches brumes nous environnent et se jouent de notre orientation. Joko pointe vers moi des oreilles interrogatives. Il ne comprend pas comment il se retrouve sur la sente qui longe les prairies qui l’ont vu naître. Moi non plus je ne comprends pas. Comprendre, est-ce bien d’actualité ? N’est-ce pas le moment de laisser aller, de goûter au lieu de comprendre ?

    — Va, Joko, va ! je ne décide plus rien. Choisis, fais ce que dois !

    Ses pas hésitants se font moins incertains. Joko a pris la direction de nulle part, vers quoi mène ce chemin blanc environné de blanches vapeurs. Nous dépassons le vieux banc vert et les squelettes des grands platanes défeuillés. La maison nous sourit vaguement, enfouie derrière les frondaisons roussies, puis nous prenons la courbe à droite, puis à gauche décrivant un S vers... Un banc...

    Le même ? Moins vermoulu, peut-être... A nouveau un groupe de platanes effeuillés par l’automne ; les petits pieds de Joko piochent un tapis de feuilles mortes assouplies, et le sentier blanc dessine des courbes en S. Les blanches brumes mouvantes nous dissimulent notre but, s’il en est un. Allons.

    Tiens ! Un banc. Comme il ressemble... Non. Il est moins vieux, bien moins... Des platanes perdent leurs feuilles. Ils sont encore jeunes et la jonchée est mince sur l’herbe jaunissante. Une maison avenante apparaît derrière les troncs élancés. Les volets sont entrouverts, repeints de frais. Mais le sentier de sable blanc emmène Joko toujours plus loin.

    Après la courbe en S apparaît un banc tout neuf, d’un vert frais, juste avant un groupe de jeunes arbres élancés ; à terre, un gazon ténu et quelques feuilles ; puis la maison joyeuse, persiennes ouvertes rit de toutes ses baies, à peine dissimulée par de jeunes plantations. Au travers des brumes, le sentier de sable blanc...

    ...Suit un grand rire ! Me voici tombée parmi les feuilles dorées, ma selle à côté de moi. Un jeune poulain nommé Joko, bien trop mince pour la porter, s’en est débarrassé d’une petite ruade. Il gambade, galope après les vapeurs changeantes de son premier automne, tandis que, souple et légère, je me relève en riant.

    J’ai seize ans, Papa et Maman m’attendent à la maison. J’ai eu un joli poulain alezan pour mon anniversaire.

    Fin


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  • extrait de

    RIBAMBELLE

    ensemble d'histoires d'enfants aux destins "bousculés"

    Zeph est arrivé dans ce village perdu du piémont pyrénéen,muni d'un lourd dossier de vaurien étiqueté par l'administration. Il sera chevrier, pour aider le vieil Emile, perclus de rhumatismes.mais, cherchant à mal faire pour s'amuser, il découvre les livres, un peu malgré lui. Depuis, il lit.

    Il lit, vous dis-je !

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  • extrait d'un des destins insolites d'enfants  du recueil "RIBAMBELLE"

    (à paraître)

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