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LA CARAMBOUILLE
Vous la connaissez ! une silhouette grise et penchée...Au fond de la cour, au deuxième. On peut lui apporter du linge, à recoudre, à repasser... Sa retraite est si maigre qu'elle accepte plus qu'elle ne peut faire... Ecoutez sa complainte...
La carambouille
J'ai mis de l'eau, pour mes nouilles
Et pis j’attends. J’attends qu’elle bouille...
Après, j’ai repris ma broderie
Et le cours de ma mélancolie...
Il était temps que je repasse !
Du linge tout froissé attendait.
Ce faisant mon esprit ressasse :
La vie s’enfuit et rien n’est fait.
En humectant la pattemouille,
Cendrillon rêvant de citrouille,
Je me débat dans la mélasse
Et de vivre, vrai, je suis lasse.
Il me vient des idées d’andouille
(De Vire, en sauce Panouille ! )
Ah ! Briser la monotonie
De cette chiennerie de vie !
Que voulez-vous que j’y fasse ?
Plus que je couds et rapetasse
Moins est joli ce qui m’entoure.
Ya même des ordures dans la cour...
Tout s’enfuit, s’abîme et se casse
Vous voudriez que je sois jouasse ?
Le temps est arrivé, peut-être
De dire adieu...? Par la fenêtre ...
Dont je ne ferai plus les carreaux !
Je n’veux même pas de tombeau :
Un truc encore à entret’nir
A désherber... pis à fleurir...
Je veux, libre, me dissoudre dans l’air,
M’envoler !.. J’irai pas en enfer
Mon temps d’emmerdes est déjà fait.
Tout c’qu’on voudra, ça s’ra parfait.
Mais voilà qu' l’eau pour mes nouilles
A débordé ! l’fer qu’a brûlé la pattemouille !
Vieille idiote ! Quelle carambouille !
Vrai, la vie ! C't une carabistouille !
FIN
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